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Cargo

Après les graffitis

En 2024, quand on regarde autour de soi, tout est compartimenté et occupé. Il n’y a pas toujours de cloisons, mais c’est tout comme. Ça ne s’emboîte pas. Une mosaïque de parcelles (à ne pas mélanger avec « pixels », quoique…) dont l’usage prédéfini, privé, public ou commercial, s’est précisé avec le temps. Pour circuler entre elles, on emprunte les boîtes « routières » qui renferment, par exemple, les pistes, les rues, les autoroutes et les ponts, et on doit suivre des règles. Des marques sur la chaussée, des panneaux et des signaux lumineux sont là pour nous le rappeler, comme dans un jeu de société.


Si, sur l’autoroute, fascinés par l’étendue dorée d’un champs, l’envie nous prend de nous stationner sur l’accotement, de sauter le fossé pour pouvoir le traverser en courant, on ne dépasse pas l’idée. En bordure, on fait surtout pipi, à couvert dans les hautes herbes et les buissons ou on vomit, puis on file de plus belle ni vu ni connu.   


L’être humain met en boîte. Maintenant qu’elles s’entassent horizontalement, on ébauche à la verticale. D’ailleurs, où est passée la nuit? Où peut-on voir l’horizon? Le regard extérieur bute sur tant de choses, ne serait-ce que le smog et les échafaudages modernes. Il se replie.


Les ténèbres me manquent!


Le chalet, pareil à la perle échappée d’un chapelet, est une vraie pépite 24! Qu’y ferait-on d’ailleurs? On ne sait plus! Et créer devient l’apanage d’une minorité tant les humains sont enrôlés par leurs différentes fonctions. Lorsque j’ai contacté une compagnie de la région récemment, on m’a répondu de manière si parfaitement égale que j’ai cru avoir à faire à l’un de ces robots sans préavis. Je suis restée silencieuse jusqu’à ce que la voix féminine réitère sa demande avec une teinte plus naturelle. Il devient difficile de faire la différence.


Un tel cadre ne peut supporter toutes les expériences. Il se montre mieux disposé envers certaines, tandis que d’autres sont entravées ou tendent à disparaître, telles se salir, jouer, vieillir, expérimenter et refuser son assentiment…


Je nous trouve des airs de famille avec le cortège des hommes que décrit Baudelaire dans son poème en prose « Chacun sa chimère » (1869): « Je questionnai l’un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu’il n’en savait rien, ni lui, ni les autres ; mais qu’évidemment ils allaient quelque part, puisqu’ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher. »


On s’adresse à chacun de nous comme si nous faisions partie d’un ensemble unanime, et on semble ne plus se souvenir du fait que l’art et la connaissance ne sont pas tributaires des institutions.  


Dans tout cela, que deviennent les émotions? Après tout, ce sont elles qui ont toujours le dernier mot! Mais les masques sont devenus plus étanches et certaines boîtes, plus hermétiques, alors elles nous préparent sans nul doute une de leurs sorties dignes des meilleurs tragiques.

 

On a beau contrôler et tarifer l’accès aux boîtes « Nature » pour la protéger, qui nous protège, nous, de nous? L’instinct n’est pas systématiquement la chose dont nous devrions nous méfier le plus. Acculé au coin, il est en bien mauvaise posture.  


Personne n’aime vivre dans la saleté, mais avoir des villes « propres » ne fait pas disparaître ses ordures, ses déchets, ses excrétions, ses rebuts et ses caves. Les boîtes « recyclage, compostage et déchets » soulèvent justement des doutes et des interrogations quant à leur imperméabilité.  Devant ce qui se décompose, on grimace de dégoût au lieu de méditer. L’être humain doit évacuer lui aussi sur les deux plans, physique et psychologique, minimalement. Et comme l’être humain est aussi Nature, devrait-on tarifer le voisinage? 


Le temps des graffitis touche à sa fin. Qu’adviendra-t-il ensuite?


Même les oiseaux qui traversent les boîtes sans permission se frappent à toutes sortes de « cloisons ». Certains ont adopté de nouveaux comportements.


Pour l’heure, l’herbe à poux est qualifiée de « mauvaise » herbe, car elle conquiert de plus en plus de boîtes désolées.  


Attendons pour voir…

 

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