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Discuter ou converser. Une différence?

Depuis un bon bout de temps, « discuter » ne semble plus un mot à la mode. On converse plutôt. Partout dans les médias, j’entends « nous aurons une conversation sur la crise du logement, la réconciliation avec les Autochtones, sur l’Ukraine, sur l’immigration, etc. » D’après mon dictionnaire Le Robert, converser signifie « parler avec une ou plusieurs personnes d’une manière spontanée dans les relations sociales habituelles. » Entre vous et moi, dans vos relations sociales, vous conversez souvent sur des questions de ce genre?

 

Dans l’ancien temps (c’est-à-dire avant la COVID), on discutait de ce genre de problèmes (d’ailleurs, voici un autre mot qui a disparu, remplacé par les mots enjeu ou défi). Discuter, toujours selon le même dictionnaire, signifie « examiner quelque chose par un débat, en étudiant le pour et le contre. » C’est loin de la définition de converser! Ce qui m’intrigue, c’est la raison de ce glissement dans le vocabulaire.

 

Sommes-nous si anxieux, angoissés, dépressifs, vulnérables, hypersensibles, infantiles que discuter nous terrorise? Voulons-nous à tout prix vivre dans le déni de cette nature humaine qui est la nôtre, faite de grandeur et de cruauté, pour ne plus être que gentil et ainsi refouler dans le tréfonds de nos consciences toutes les émotions négatives qui n’en deviendront que plus noires, comme on peut le constater avec l’augmentation de la violence?

 

Refuser de discuter, c’est refuser de faire évoluer nos idées reçues, nos sentiments ancrés, nos préjugés en tous genres. C’est refuser d’être réceptif au « contre » de peur que notre « pour » soit modifié. C’est aussi refuser de transformer le « contre » en « pour ». Dans les deux cas, il s’agit d’évoluer dans notre façon de voir et d’agir.

 

C’est sûr que c’est plus facile de converser. Ça n’engage à rien. Ça donne l’impression de faire quelque chose, de prendre ce quelque chose au sérieux. C’est parfait entre amis, connaissances, etc. Mais quand les élus, les politiciens, les universitaires, les représentants d’organismes, d’associations, de comités, conversent, que font-ils au juste? Brasser de l’air?

 


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