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Du normal à l’habituel

J’ai décidé de ne plus employer le mot « normal ». Aujourd’hui, après cette chère pandémie qui nous a mis sens dessus dessous, qui nous a foutu une peur bleue (dans le fond, on a tous eu un peu, beaucoup, passionnément la peur de mourir), qui a engendré chez une quantité astronomique de personnes de tous les sexes une anxiété atavique que les pauvres petits antidépresseurs n’arrivent pas à calmer, je disais donc, que rien et tout ne sont plus « normal ».

 

D’abord, c’est quoi normal. C’est normal par rapport à quoi, à qui. Le normal est une invention découlant de la création des sciences statistiques. Avant, comme il n’y avait pas de mesure, il n’y avait rien de normal ou d’anormal. On était qui on était, les situations étaient ce qu’elles étaient, et personne ne pouvait dire : « Ça, c’est normal. » C’était reposant. On ne s’en faisait pas trop, car il n’y avait pas d’élément de comparaison.

 

Mais, comme il faut être de son temps et avoir un vocabulaire pour qualifier et quantifier le monde, voire l’univers, j’ai décidé de remplacer les mots « normal et anormal » par « habituel et inhabituel ». Je trouve que c’est moins compromettant. Il y a du lousse là-dedans. Il y a du jeu. Ce n’est pas, justement, normatif. Ces deux mots laissent place à l’inattendu, à l’inespéré, à la surprise, au saugrenu, bref ils ne sont pas rigides, ils ne sont pas des instruments au service des jugements péremptoires. Ils se sous-entendent mutuellement. Puisque l’habituel n’est pas fondé sur une règle stricte, il ne se surprend pas de l’inhabituel, et vice versa.

 

Par exemple, si on dit « la neige en hiver est normale », on a des attentes qui, ces temps-ci, peuvent être vite déçues. Mais si on dit « la neige en hiver est habituelle », on sait immédiatement que ce pourrait ne pas être le cas, vu que l’inhabituel est inclus.

 

Depuis que je pratique habituel et inhabituel, je vais mieux. Je me sens plus légère, moins obligée, moins alourdie par la norme. Vous devriez essayer. En fait, je crois que ça vaut tous les antidépresseurs sur le marché et ça coûte pas mal moins cher.

 

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