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Cargo

L’éloge de septembre

Sais-je que ma langue raconte une histoire en elle-même? Que d’autres gens, d’autres peuples, d’autres lieux, d’autres époques, l’ont façonnée avant moi? Qu’aujourd’hui, quand je la prends, j’y contribue à mon tour quoiqu’on en dise?  


Comprends-je que ma langue est un code qui, selon que je l’écrive ou la parle, combine variablement lettres, signes, espaces, silences et peut faire appel aux ressources de ma voix? Qu’elle se décline, minimalement, en trois registres qui ne sont pas des classes socioéconomiques et qui, quand je les exploite tous les trois, multiplient mes possibilités et me pourvoient en ressources pour faire face à toutes les circonstances, même à l’adversité?


Remarqué-je que ma langue est plurielle. Qu’il existe des français dans le monde et des français au Québec, et des français dans ma ville même! Qu’ils se ressemblent et se distinguent à la fois? Les adeptes de la diversité comme les insécures peuvent s’en réjouir. N’est-ce pas intéressant?


Dans ma langue, depuis des siècles, il s’est écrit des poèmes, des mémoires, des registres, des récits, des lettres… qui parlent à mon esprit, à mon cœur ou à mon âme. Chaque jour qui passe, il s’en crée davantage. Ma langue sert aussi à traduire des discours et des œuvres en langues étrangères dont certains me sont devenus familiers et indispensables.  


J’ai retenu que le participe passé avec l’auxiliaire avoir s’accorde avec le complément d’objet direct s’il est placé avant le verbe, mais ai-je découvert en lisant Le vilain petit canard, que l’adjectif qui exprime la laideur de l’oisillon s’employait comme substantif au Moyen Âge pour désigner un paysan? Que l’amour, nom masculin de nos jours, avait un tout autre genre dans ses commencements?  Que le vent qui renvoie à l’ « air en mouvement » s’utilisait aussi à partir du 12e siècle pour nommer « l’odeur laissée par le gibier » et, qu’au figuré, il emprunte toutes sortes de directions : la chance, la flatulence, le vide, la mode…


Je la sous-estime, peut-être? J’oublie qu’avec elle, je nomme, je pense, je dénonce, je refuse, je décris, j’aime, je travaille, j’apprends, je me défends ou je fais de nouvelles connaissances… 


De ma langue, il nait des mondes dont on ne fait le tour ni en navette ni en 80 jours. Ma langue est un laboratoire à aire ouverte sur les mondes qui produit aussi des sons et des images!  Me retiens-je de la déployer à haute voix? de jauger avec elle l’horizon? Car ma langue s’étend à l’infini, sauf si je n’ébruite pas le plaisir qu’elle me donne, sauf si je ne l’exerce pas ou que je la néglige par indifférence ou par manque d’estime de moi.


Lorsque je chausse ma langue, je la porte avec mon style. Je peux même mettre à l’essai de mes inventions et enchaîner les tentatives. M’en savais-je capable? Attendais-je une absurde permission? Ma langue ne tarit pas de styles dont je peux faire l’éloge. Je palpite aux mots! Sur leurs textures, je me pâme!  Pour une tournure, je mouille les pages d’émotion, je tombe en bas de ma chaise : ma langue me saisit!


La langue est action sauf quand les humains sont éteints. Elle ne se démode pas, sauf pour les ennuyeux et les sans-caractère.


Voilà ce que pour l’heure j’en dis. Demain, je pourrais vous l’écrire d’une toute autre façon!



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