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La dorure de la lumière

C’était magique. Dès la mi-août, la lumière perdait de sa blancheur et l’immense atelier gagnait en or. Fin septembre, tout l’espace en était rempli. Les grandes fenêtres tout au long du mur sud laissaient pénétrer le soleil à flots, nous en étions tous inondés. Une fois à l’intérieur, le temps avait l’habitude de s’évanouir. Nous étions dans ce « vaisseau d’or », emportés par le règne absolu de l’imagination. Les esprits étaient libres de voleter dans les sphères d’ici et d’ailleurs. Les conversations à bâtons rompus nous emmenaient dans des voyages dont on revenait assouvis de folie et de rêve. Que d’heures précieuses et délicieuses passées en compagnie d’aventuriers de la création, où images et mots s’entrelaçaient en œuvres échevelées, déroutantes et inspirées :


D’abord un réel donné. Celui qu’on a nommé tel, pointé du doigt, cloisonné de compartiments étanches, balisé de repères figés. L’accoutumé, l’habituel, l’allant-de-soi, jusqu’à l’invisible. Cru acquis.

En accord, le quotidien envahi de ronces-routines, chargé d’habitudes, ronronnant d’un train-train familier, presque mécanique. À l’image des villes vibrantes des moteurs, là où le chant des feuilles ne s’entend plus.

Puis, la polis ordonnée, réglementée, régularisée, régie. Où circulent des êtres nommés, étiquetés, drapés de leur persona. Complet deux pièces et valise à la main. Tailleur avec sac et souliers assortis. À la lumière des jours hebdomadaires, enfilés sur la trame du travail rémunéré.

Alors, pour simplement respirer, bousculer en dérapage d’anicroches le bien huilé. Dépister les réels, autres. Dire l’identique mais en résonance d’en-deçà. Débusquer l’insolite tapi au creux de ces repaires trop connus. Saboter les rituels journaliers en prenant d’assaut ces lieux urbains. Sonner l’heure folle de l’imprévu en s’arc-boutant aux murs festonnés de l’utilitaire. Enfin donner place au mardi gras continu de la psyché profonde.


C’était l’atelier à l’étage du magasin Tigre Géant de la rue Eddy à Hull. Haut lieu de créativité en tous genres. Quelle chance d’avoir été jeunes et fous dans cet endroit hors des sentiers battus, hors normes, fréquenté de nuit comme de jour. Il fallait affronter l’escalier étroit et sombre avant de passer le seuil dans l’autre monde, celui des possibilités.


Il est aujourd’hui disparu pour de bon, après avoir été fermé, puis condamné. Il a été démoli la semaine passée. Tout change. Même nous. Nous aurons vécu dans la dorure de sa lumière.


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