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Cargo

Nous sommes tous une famille: pas question!

Quand je nous regarde, je vois des humains. Ce ne sont ni des frères ni des soeurs. Des frères, j’en ai un. Je ne m’entends d’ailleurs pas très bien avec lui. Tout bien considéré, rien ne m’y oblige.


Dans un même ordre d’idées, je peux affirmer que je compte parmi la population québécoise, mais que celle-ci ne me tient pas lieu de famille pour autant. Une seule me suffit. Je n’en veux pas d’autre, merci!

Quand j’étais petite, je me souviens que, pour ma famille, le voisin d’en face était un « étrange », pas moins que les humains vivant ailleurs sur cette planète dont on ne croisera jamais la route. Il n’était pas de la « gagne », voilà tout, de celle dans laquelle il n'est pas rare que les êtres vivent agglomérés, recroquevillés sur leurs secrets de famille pour ne part faire de vagues.  


Quel que soit mon âge, je ne me suis jamais sentie d’aucune « gagne », mais je n’en suis pas moins humaine parmi vous. Cette manie de vouloir nous lier les uns aux autres par des motifs familiaux me rend profondément mal à l’aise. Comme si l’amour en passait toujours par là. La famille n’est pas quelque chose de reluisant au point d’en faire un étendard, sauf si l’on a toujours cinq ans. L’amour n’est pas non plus quelque chose à prendre à la légère et il est d’autres sentiments capables d’émouvoir.


Nous, humains, possédons des yeux, une bouche, des oreilles, des membres et des organes, mais leur nombre, leurs formes, leurs couleurs et leur fonctionnement présentent d’inépuisables variations qui ne sont pas optionnelles.


À cela, si on ajoute la personnalité, les préférences, la sexualité, l’histoire personnelle et familiale, l’hérédité, le hasard ou la destinée, les variations explosent. La compréhension, le savoir, les émotions ou la conscience ne manquent pas non plus d’apporter leur lot de fluctuations.


Les humains poursuivent toutes sortes d’objectifs, leurs nuits sont peuplées de rêves, même de jour ils en nourrissent. Enfin, les empreintes culturelles, sociales, politiques, religieuses, économiques et géographiques conspirent elles aussi au portrait global.


Bon. Il n’est pas exagéré de dire que les humains se déclinent à l’infini, à la fois pareils et pas pareils. Dans un contexte comme celui-ci, on ne peut éviter toutes les guerres. Au mieux, la paix est une saison à laquelle on revient sans garantie.


Enfant, à la moindre émulsion de plaisir ou de contrariété, l'amas informe des enfants du quartier se divisait pour former minimalement deux factions qui s’affrontaient. Chacune luttait ardemment pour protéger son plaisir ou ses idées. Les sujets de dissension n’ont jamais manqué. Nous aimions nous détester. Et nul besoin de nous aimer pour être en relation. Sans crier gare, la guerre battait son plein. Nous avions déjà hâte au lendemain.


N’allez pas croire qu’à l’intérieur d’un clan, c’était l’amour! Foutaise! Nos échanges nous révélaient sur les autres et sur nous-même des choses que nous ignorions, certaines même que nous n’oublierions jamais. Nous nous enflammions sur les détails, certains étaient plus rancuniers.

    

À l’issue d’une dispute matinale avec son père, Carl, tout fiévreux, glaçait l’adversaire avec ses boules de neige. Que Jérémie soit intimidé par Émilie, sa piquante alliée, plutôt que par les plans ingénieux de l’adversaire, n’était un secret pour personne et cela ne faisait pas que des heureux. Même l’enfant le plus marginal du quartier s’est révélé un espion redoutable que toutes les équipes convoitaient.


Contrairement aux adultes qui s’épiaient derrière les fenêtres, les enfants bataillaient sur le terrain. Chaque jour, nous recommencions jusqu’à épuisement. Un nouveau chapitre couvait toujours dans les cendres du précédent.


En grandissant, nous émettons des commentaires, envieux et hargneux, comateux affaissés derrière l’écran de nos ordinateurs. Nous perdons la faculté de rire de nous-même et des autres. Nous ne nous donnons plus rendez-vous sur les falaises enneigées pour nous affronter courageusement au beau milieu de la tempête.


Enfants, c’est en nous divisant, que nous apprenions à nous connaître et à aimer. Plus d’un ennemi est devenu un très bon ami !  



Cargo


 

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