Non, je ne parle de sexe! Je parle de l’apprentissage de l’orthographe et de la grammaire… du français, mais aussi de l’anglais et sans doute de bien d’autres langues. Maintenant qu’on peut dicter nos courriels, nos textos, nos textes et que la mal nommée IA rédige à notre place, pourquoi se bâdrer de savoir écrire correctement notre langue!
Il y a aussi le fait que les élèves et étudiants d’aujourd’hui semblent incapables d’apprendre et de retenir la graphie des mots et les règles. Pourquoi les enfants de « l’ancien temps » étaient capables d’apprendre à écrire sans fautes, sans compter la calligraphie, le vocabulaire et l’arithmétique, dont ma vieille mère qui n’a fait que sa neuvième année. Que s’est-il passé depuis pour que Patrick Moreau, professeur de littérature à Montréal et chroniqueur au journal Le Devoir, écrive en 2008 un livre au titre cinglant : « Pourquoi nos enfants sortent-ils de l’école ignorants » ?
Est-ce possible d’en connaître les raisons? Trop de chimique dans l’eau et la bouffe qui atrophient les cerveaux des petits? Les effets conjugués du cinéma, de la radio, de la télévision et, maintenant, des vidéos sur Internet? De tous les films de science-fiction où l’on ne voit jamais personne écrire, étant donné qu’il est possible de parler avec le super ordinateur de bord, comme dans Star Trek? Oui, ça joue sans doute.
Un autre facteur entre en jeu : le temps. On n’en a plus. Faut que ça aille vite pour tout et dans tout, surtout dans nos communications. On vit l’instantanéité. Pour cliquer rapidement, on adopte des abréviations. Les textos, ce ne sont pas des missives, ce sont des clins d’œil qui en appellent d’autres. Prendre le temps d’écrire en long et en large, en s’appliquant à faire les dos de grand-mères et les creux d’oreiller du « a », par exemple, ne donne plus de plaisir ni de satisfaction. On écrit en lettres détachées, comme c’est triste. Il n’y a plus rien de lier. Quant aux règles de grammaire qui ont évolué sur des siècles, basta, on s’en fiche. Pourquoi savoir accorder les participes passés quand on ne fait plus que parler à haute voix à son téléphone et sa tablette? Pourquoi le savoir quand les logiciels de dictée corrigent au fur et à mesure nos paroles en l’air?
Le plus curieux, c’est qu’il ne s’est jamais publié autant de livres. Toutefois, pour apprécier la lecture, ne faut-il pas connaitre son français pour comprendre ce qu’on lit? Ce qui explique que les collégiens trouvent difficiles d’écrire 500 mots qui se tiennent et qu’ils se demandent si Molière est le nom d’une application.
Alors, pour me consoler, je me dis que c’est la culture orale qui est de retour, culture qui était celle de nos ancêtres. En fait, elle n’a jamais disparu, c’est elle la plus solide, la plus forte, la plus pérenne, pour utiliser un mot fancy. Maintenant que nos machines nous permettent d’évacuer la nécessité du savoir lire et écrire par nous-mêmes, car elles peuvent tout nous lire oralement, l’écriture et la lecture redeviendront l’apanage de l’élite. C’était un grand rêve d’alphabétiser le peuple. On s’est réveillé.
F
Commenti