Évidemment, c’est au féminin. Je me suis demandé ce qu’on voulait faire taire au juste : les pensées, les idées, les sentiments, les reproches, les exigences, les besoins, les émotions, les désirs, les rêves, les projets, les aventures, les actions et j’en passe.
Après mûres réflexions, j’en ai déduit que cette deuxième injonction s’appliquait à tout ce que je viens d’énumérer. Le premier impératif doit nous occuper suffisamment (et nous faire dépenser des sommes folles qui auraient pu servir à bien d’autres choses) pour nous faire oublier de parler, ou nous faire parler de tout et de rien.
Je sais, je suis sévère, mais à feuilleter le moindre magazine destiné aux femmes, à découvrir que l’influenceuse la plus influente parle de maquillage, j’ai dû me résoudre à reconnaître que, malgré tous les soutiens-gorges brûlés, cette maxime reste toujours d’actualité. Misère.
D’ailleurs, dans les citations données en exemple dans mon dictionnaire chéri, Le Robert, la première citation est celle du fabuliste français, La Fontaine : « Il est bon de parler et meilleur de se taire. » Je ne sais pas de qui il voulait parler, mais je me doute que les deux parties de la phrase ne visent pas le même sexe (ou genre, comme vous voulez). Ce qui m’a le plus étonnée, c’est qu’aucune citation ne dit : « Non, je ne me tairai pas! » ou « Moi, me taire, jamais! » c’est quand même curieux, non?
Surtout que se taire, c’est aussi faire un choix. Un choix décisif qui peut même entraîner la mort. En tout cas, il mène souvent à l’incompréhension, au malentendu, à la jalousie et à la rupture. Il brime les idées de création, limite les réalisations, castre les envies de faire des folies! Se taire, c’est aussi laisser faire, s’en laver les mains, passer outre, même dans notre vie personnelle.
Mais le pire, ce sont tous les « j’aurais ben dû » que se taire entraîne dans son sillage au fil des années qui passent, les regrets de ne pas avoir dit l’amour qu’on ressentait, les excuses qu’on n’a pas osé faire, le geste simple de réconfort qu’on a omis de poser, l’idée qu’on n’a pas concrétisée.
Alors, j’amenderai mon titre : « Sois comme tu veux et parle, même de travers! »
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