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Un Kleenex sur la tête

Naturellement, le titre trahit mon âge, mais, coudonc, y faut ce qu’y faut.

 

Je ne me souviens plus pourquoi je n’avais pas mis de chapeau pour aller à la messe, mais, comme j’appartiens à ce qui, à l’époque, était encore qualifié de sexe faible, il m’était interdit d’entrer à l’église la tête découverte. Alors, ma mère m’a mis un Kleenex blanc sur la tête, fixé à l’idée de deux bobépines.

 

En ces temps reculés, pour entrer à l’église, le sexe dit fort, hommes et garçons, devaient enlever leurs couvre-chefs, alors que les femmes et les filles devaient se couvrir le chef, pardon, la tête. J’étais intriguée, même à cet âge tendre, de cette règle deux poids deux mesures, mais je ne me posais pas encore la question de savoir pourquoi.

 

Ce dont je me souviens clairement encore aujourd’hui, c’est de la gêne qui m’a envahie d’être affublée de ce mouchoir de papier que tous et toutes pouvaient voir quand j’étais dans mon banc, assise, debout ou agenouillée. Je n’étais pas la seule à être ainsi attriquée. Ça ne m’empêchait pas de commencer tranquillement à fulminer de colère d’être obligée, par une règle qui s’appliquait à l’envers, de porter pareille coiffe, alors que mes frères et mon père allaient nue tête.

 

Ainsi naquit le germe de mon féminisme futur en constatant la double règle régissant l’habillement masculin et féminin. Vous comprendrez que cette règle, disparue depuis un bon moment des mœurs des « de souche », ou Kebs pour les intimes, semble reprendre du poil de la bête. À la vue d’une femme voilée un peu, beaucoup, passionnément, en compagnie d’un homme en jeans, t-shirt et running shoes, la même fulmination renaît dans mon cœur. Pourquoi ce double traitement ? Qu’est-ce qui fait que ces hommes peuvent se vêtir à l’occidentale, mais pas leurs compagnes ? Que faut-il voiler après tout ?

 

Je comprends la base réelle qui a mené à ces vêtements longs, couvrant tête, visage et corps, même pour la gent masculine de ces contrées. Pensons juste aux Touaregs. Si je vivais au soleil 365 jours par année, sans doute que je me couvrirais moi aussi. D’ailleurs, en été, j’ai commencé à porter un chapeau et des vêtements anti-UV.

 

Mais de là à l’obligation religieuse du voile – même nos bonnes sœurs l’ont envoyé en l’air. Il paraît que c’est une question de modestie, comme la modestie des yeux, le regard baissé vers le sol. Car tout le monde sait que la féminité dévoilée, du regard ou des courbes, peut jeter n’importe qui dans l’ignominie.

 

En fin de compte ou à bien y penser, c’est toujours mieux d’avoir, dans sa poche ou sa sacoche, un Kleenex en cas que…

 

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