C’est formateur, en tout cas. En plus, c’est une bonne façon de se trouver un compagnon, une compagne, un/une partenaire, ou, pour faire épicène, du compagnonnage et du partenariat. La protestation en collectif, ça solidarise, ça coule dans le béton des amitiés inattendues, ça donne l’impression d’agir, de poser un geste qui aura des ramifications, qui influencera les grands de ce monde ou les petits, ça sort de la passivité des cours dont on a marre au printemps (c’est toujours trop long une année scolaire quel que soit le niveau), bref, ça change le mal de place et ça dégourdit les jambes.
Est-ce important de savoir et de comprendre pourquoi on manif? Peut-être, mais ce n’est pas absolument nécessaire. Le geste en soi est une prise de position. Ou de posture, comme on dit aujourd’hui en trafiquant ses significations, quoique pour la manif, c’est pertinent, vu que ce mot, d’origine italienne et datant de 1566, signifie « une attitude particulière du corps » : marcher en portant des pancartes, s’assoir dans le gazon pour écouter des « personnes qui prennent la parole », se tenir debout en brandissant le poing. L’autre signification, plus cocasse, « attitude peu naturelle ou peu convenable » donne aux corps des personnes de la manif, un drôle d’air : genre, ça fait du bien de s’opposer, de se dire contre, de résister. C’est plus simple à expliquer, à justifier. Les raccourcis sont comme les spaghettis, ça s’avale plus facilement.
Ainsi se façonnent les idéaux de la jeunesse comme poussent au printemps les pissenlits !
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